Pourquoi la Catalogne veut-elle organiser une consultation sur son futur?


Cette note a pour but d’expliquer pourquoi le peuple catalan veut voter, sans pour autant se limiter à présenter une simple liste de maux et griefs, qui ne feraient pas honneur à l’esprit d’optimisme, tolérance et modernisation représenté par le mouvement indépendantiste. 
Pendant longtemps de nombreux Catalans et Catalanes se seraient contentés et déclarés satisfaits d’être une région en Espagne avec un statut comparable à celui d’un État fédéré allemand (Bundesland). Mais ce statut n’a jamais été atteint. La forte opposition en Espagne n’a que mollement accédé à la décentralisation, qui est devenue chaotique et inefficace. Aujourd’hui, l’Espagne est en train de se recentraliser et le multiculturalisme au sein de l’État est rejeté. 

La conséquence directe de cet état de fait est une évolution de l’opinion publique en Catalogne. Nombreux sont celles et ceux qui ne reconnaissent plus l’Espagne tolérante et intégratrice qu’ils avaient l’espoir de voir se construire après la mort de Franco. Pour cette raison, ils réclament aujourd’hui le droit d’organiser une consultation afin de pouvoir décider de leur futur librement, paisiblement et démocratiquement. 

Pendant 35 ans la Catalogne a essayé de s’accommoder politiquement au sein de l’Espagne. Maintenant, la majorité des Catalanes et des Catalans partagent le sentiment que les pourparlers sont devenus impossibles. 
L’opinion publique en Espagne semble être en faveur de l’uniformité et de la centralisation. Les deux principaux partis politiques ne sont pas prêts à entreprendre de réelles mesures de sauvegarde de la décentralisation. 

Ces mêmes partis cherchent maintenant à délégitimer une consultation sur l’indépendance de la Catalogne. Mais se cacher derrière une Loi (que l’on pourrait modifier facilement) ne résout pas le problème. Pire encore, cela signifie que l’Espagne devra choisir, en dernier recours, entre le respect de ces nouvelles valeurs démocratiques ou retenir la Catalogne contre son gré. 

Le modèle espagnol de dècentralisation a èchoue

De tout temps, une grande partie des élites espagnoles s’est opposée à la décentralisation. Le processus a en conséquence été difficile et hésitant, et le système qui en résulte est chaotique, sans règles claires. En résumé, on ne sait pas qui fait quoi. 

La décentralisation s’est déroulée de façon tellement lente et compliquée que certaines compétences prévues par la Loi de décentralisation de 1979 de la Catalogne (dénommée Statut d’Autonomie) restent toujours dans l’attente d’être transférées. Tout comme d’autres compétences prévues par la Loi...en savoir plus

La solidarité remplacée par l’injustice

En Catalogne, personne ne doute ni ne remet en cause le bien-fondé de la solidarité envers le reste de l’Espagne et de l’Europe. Le vrai problème est que la Catalogne verse tellement d’argent aux autres régions espagnoles plus pauvres que ses propres systèmes d’éducation et de santé, ainsi que ses infrastructures routières et ferroviaires en sont grandement affectés et se trouvent réduits à un état bien pire que ceux des régions aidées par la Catalogne.

L’État espagnol n’a pas voulu investir dans des infrastructures clés et, ce faisant, il a affaibli l’économie catalane. Il faut savoir qu’en Espagne les politiques d’infrastructures... en savoir plus 

L’Espagne ne veut pas devenir une société multiculturelle

De nombreux hommes politiques de droite comme de gauche ne perçoivent pas les différences entre la Catalogne et le reste de l’Espagne comme un riche héritage culturel, mais plutôt comme une menace contre l’unité nationale. 

Un discours récemment prononcé au Parlement espagnol par le Ministre de l’Éducation a provoqué un tollé et un fort remous de l’opinion publique car il préconisait la nécessité d’« espagnoliser » les élèves catalans. Les commentaires incendiaires par rapport à la Catalogne sont à l’ordre du jour de la politique espagnole. Ils servent certes à gagner des votes mais...en savoir plus 

La constitution espagnole n’appartient plus à tous

La Constitution de 1978 fut conçue pour permettre une certaine flexibilité et marge de compromis politique. Mais l’interprétation du texte est devenue un monopole des deux principaux partis politiques en Espagne, qui privilégient une lecture fort restrictive de la décentralisation et du multiculturalisme. 

Cette interprétation à beau représenter l’opinion majoritaire en Espagne, il n’en résulte pas moins que le fait d’utiliser la Constitution pour imposer des restrictions à une minorité particulière a miné le consensus sur lequel se basait la Constitution espagnole. Pour cette raison, de nombreuses Catalanes et Catalans remettent aujourd’hui en question la légitimité d’une Constitution contrôlée exclusivement par d’autres...en savoir plus

La catalogne a proposé des solutions mais l’espagne refuse d’en parler

Considérée d’un point de vue catalan la décentralisation a été une expérience pleine de négociations amères et de promesses non tenues. Cela ne signifie pas cependant que la Catalogne n’ait pas continué à chercher des accords. 

En 2006, la Catalogne a proposé des solutions pour améliorer la qualité de la décentralisation. Un nouveau « Statut d’Autonomie de la Catalogne » allait définir clairement qui fait quoi et avec quelles ressources, pour mettre fin aux contentieux constants entre le Gouvernement central et les régions. La proposition catalane fut approuvée par 89% des députés du Parlement de Catalogne, mais elle fut reçue par le reste d’Espagne avec colère et hostilité. 

Le Premier Ministre espagnol d’alors...en savoir plus

Le mouvement d’autodetermination catalan

Le mouvement d’autodétermination catalan est un mouvement social, pacifique, transversal et indépendant des partis politiques. Deux manifestions de masse ont eu lieu à Barcelone : en 2010 avec une participation d’environ 1 million de personnes et en 2012 avec une participation d’approximativement 1,5 million : l’une des plus grandes manifestations jamais organisées en Europe. 

En outre, plusieurs campagnes et activités ont été organisées par la société civile catalane. Notamment, malgré les restrictions appliquées environ 890.000 citoyen(ne)s ont participé à des consultations populaires non officielles organisées dans plusieurs villes dans toute la Catalogne. Actuellement, de plus en plus de mairies votent des résolutions en faveur de l’indépendance : à ce jour 654 mairies, qui représentent 68% de toute...en savoir plus


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